Le ciel des démences [Table de Lexa et Erik]

Aux alentours de minuit, la pluie commençait à tomber sur la ville, assombrissant les murs de ses gouttes lourdes.

Erik longeait les immeubles, remontant le boulevard sans but particulier à part attendre le retour de son tuteur à l'appartement. Il avait encore une fois oublié les clés, et son portable s'était déchargé dans la journée. Il restait au moins quatre bonnes heures à tuer avant son retour.
Le coin était désert, les ténèbres recouvraient tout le boulevard, les lampadaires étaient éteints. Le Maire et son conseil prétendaient faire des économies d'énergie dans ce coin de la ville.

Erik errait dans le boulevard, trempé, froid, les chaussure inondée à force de marcher dans les nids-de-poule par grande négligence. Mais il s'en fichait. D'où il allait, de ce qu'il allait faire, de quel temps il faisait, de la morne atmosphère qui l'entourait. Absolument de tout.
C'est à force de marcher qu'une lumière perçant les épaisses ombres attira son attention. Le "Bilboquet" était ouvert, le seul bar-restaurant qui se trouvait dans les parages.
Erik pensa que s'abriter pouvait finalement s'avérer confortable en cette soirée détestable.

"Bonsoir, m'sieur dames.", salua-t-il en poussant la porte. Il n'y avait personne dans le bar, à part le serveur et le propriétaire et lui.

Il se posa immédiatement sur la banquette au fond du bar et commanda au serveur qui venait prendre la commande une pinte de Edelweiss, la seule bière potable allemande qu'on servait en ville.
Le serveur parti chercher la bière et la posa devant lui.
Erik laissa échapper un merci, un petit sourire, puis posa lourdement ses bras sur la table, et y réfugia sa tête en guise d'une ou deux minutes de repos.

Il était 16h40, Lexa se promenait comme à son habitude, à pieds et avec son panier rempli d'un peu de nourriture et de quoi écrire, elle traversait le bois dont les arbres laissaient passer uniquement quelques rayons de soleil qui dessinaient sur le sol et les papillons se séduisant qui passaient tout juste devant elle. Cela semblait être une bonne journée qui commence ! Elle arrivait près d'une rivière qui coulait sous un pont gris clair dont les habitants entretenaient chaque semaine (la pierre du pont brillait).

Lexa s'installa au pied du pont, au bord de la rivière, elle y plongea ses pieds et poussa un grand soupire en se penchant le regard vers le ciel. C'est là où elle se sentait le mieux, afin de méditer sur sa propre personne et sur la façon dont elle devrait ou doit gérer sa vie pour ne pas être une gêne.
Dans un de ses souvenirs refoulés, on y trouve tout ses problèmes qui, en général, tournent autour de l'amour. A chaque fois qu'elle tombe amoureuse d'un jeune homme et que ceci est réciproque, au bout de quelques temps, des "malheurs" arrivent aux proches du jeune homme comme l'apparition subite d'un cancer d'un membre de sa famille ou bien des amis chers qui ne veulent plus le voir. Enfin ce ne sont pas vraiment que des problèmes d'amour, car cela concerne tout ses proches comme les bons amis ou la famille. Et à cause de cela, elle vit seule dans une petite maison de campagne qui appartenait au frère de son grand-père, et ses parents lui envoient de l'argent pour qu'elle puisse vivre comme elle n'est pas encore en âge pour travailler.

Il était 19h20, cette fois-ci elle en avait marre de se prendre la tête à cause de ça, elle se redressa et se dirigeait vers la gare pour aller à la ville où se trouve le Bilboquet, un bar-restaurant qui prépare de délicieuses tartes à la noix de coco. En plus la pâtisserie permet de mieux réfléchir à ce qu'il parait !! Le trajet pris 3 heures, donc à l'arrivée il était 22h20.
Lexa se promena dans la ville, pensive, et s'endormit sur un banc quelques bonnes heures non loin du Bilboquet, puis elle se réveilla et vit au loin une silhouette assise dans le fond du Bilboquet. Elle se dirigea vers ce dernier et y rentra, elle commanda une part de tarte à la noix de coco et s'installa à la première table ,près de la porte d'entrée, de façon à voir le jeune homme qui l’intriguait.

Plongé dans le noir de sa pensée, il ne relevait la tête que pour boire une gorgée de sa bière de temps à autre.
Ses yeux restaient constamment fermé, comme pour s'enfermer dans les Ténèbres de son esprit et tenter d'y combattre ses démons.
Il lui semblait entendre un tintement provenir de l'extérieur -celui de la porte du bar- mais il était trop enfoncé dans ses ombres pour en sortir.

L'effet de ce combat spirituel n'étaient autres que l’apparition des symptômes de crise de démence, se caractérisant par une respiration qui s'accélère, la sudation plus intense et le cœur qui s'affole. Seulement, les symptômes étaient difficilement remarquables, sa tête dissimulée par ses bras et l'épais manteau le cachant

Lexa dégustait tranquillement sa tarte à la noix de coco, sortit son carnet de note afin de lire ses anciens écrits.

Jetant toujours un coup d’œil vers le jeune homme qui n'avait pas l'air d'avoir la joie de vivre, elle croisa ses jambes mais son pied toucha le pied de la table de façon brusque, au point que cela s'entende dans toute la pièce éclairée, le serveur et le propriétaire s'étaient retournés vers moi par surprise.

Lexa prononça un petit "Désolé" et baissa la tête par timidité et se recroquevilla, puis continuait à manger sa tarte à la noix de coco mais petit morceau par petit morceau.

Erik ne s'en sortit plus, des flashs et des monstruosités dansaient dans tout les recoins de son esprit pour lui rappeler sa solitude et sa démence

Pourtant, un bruit sourd déchira ses Ténèbres. Il ouvrit les yeux et releva la tête brusquement, au point de se la taper dans le mur derrière lui. "AH merde ..." Laissa-t-il s'échapper en se frottant le crâne. Il était de retour dans le bar, ses signes vitaux revenaient à la normale, ses gouttes de sueurs parcourant son visage tel des cours d'eau étaient maintenant bien visibles.

Elle remarqua le jeune homme se relever et se cogner la tête contre le mur, elle redressa la tête et dit " Vous allez bien ? " inquiète.

Le petit morceau de sa tarte qui tenait à peine sur le bout de sa petite fourchette, tomba sur elle et sortit un petit " Oh mais c'est pas possible ! " puis remis son morceau dans son assiette et s'essuya au mieux pour finir avec un magnifique soupir qui se fit entendre comme on entend le vent tout en regardant à travers la fenêtre l'espace d'un instant avant de regarder le jeune homme.

La jeune femme à sa droite lui demanda si il allait bien. Erik, sorti de sa léthargie lui répondit un simple "Oui merci..." avant de se rendre compte qu'elle était tâchée par un morceau de gâteau. "Oh, vous vous êtes tâché... Vous voulez que je vous files un mouchoir pour enlever le morceau de gâteau ?"

Le jeune homme lui proposa un mouchoir pour retirer le morceau de gâteau. "Oh oui, je veux bien merci !" dit-elle avec un petit sourire, tout en se demandant si le jeune homme allait réellement bien vu sa tête d'enterrement et Lexa commençait sérieusement à s'inquiéter pour l'état de ce jeune inconnu.

"Tenez!"
Il lui tendit le mouchoir.

Il se retourna vers sa bière et continua de prendre quelques gorgées, en essayant de faire une expression la plus neutre possible, pour cacher les traces de sa panique.

Lexa pris le mouchoir, puis regarda le jeune homme qui ne semblait pas à l'aise. 
Elle entre ouvra sa bouche pour essayer de savoir ce qui n'allait pas, ou du moins d'essayer de débuter une véritable conversation pour se changer les idées. 

Mais elle ne trouvait pas les mots donc elle retourna vers son panier et regarda parmi les fleurs qu'elle avaient cueillit sur le chemin près de chez elle, pris celle qui paraissait la plus colorée, une anémone. 

Elle se redirigea vers le jeune homme et lui tendit face à lui (de façon qu'il puisse la voir), "Vous avez l'air vraiment triste, c'est dommage de ne pas montrer votre sourire qui est sûrement radieux ! ".

Il retomba dans sa léthargie en l'espace d'un instant, avant qu'un voile rouge ne recouvre sa vue et lui redonne une ouverture vers la réalité.

"Ah !" La fleur le surprit à son retour, ses yeux s'écarquillaient.

"Désolé ! J'agis bizarrement en ce moment... Je sais pas ce qui... Euh... Qu'est-ce que c'est ?"

Elle fut heureuse et étouffa un rire silencieux d'obtenir une réaction positive de la part du jeune homme, étant en confiance de pouvoir démarrer une conversation avec lui :
" Eh bien je vous l'offre! Vous aviez l'air de brouiller du noir alors je me suis permise de vous apportez un peu de couleur, vous me faites penser à un ciel complètement noir et vide dont il manque les étoiles. Et, dans un sens... j'espérais vous permettre de vous sentir mieux ? ".

Il saisit la fleur et regarda un bon moment en son centre. "Je dois avoir l'air idiot comme ça.", pensa-t-il intérieurement, en auto-dérision.
Mais cette fleur l'intriguait. Elle éveillait une autre facette, profonde et sensible, qui se terrait sous les ténèbres de son coeur.

Lexa retourna chercher ses affaires puis s'installa à la table du jeune homme et lui dit " Je m'appelle Lexa et vous ? " avec un grand sourire, comme quoi le seul fait d'essayer de rendre quelqu'un mieux qu'il ne l'est pouvait l'aider à son tour à oublier ses problèmes.

 Mais là, elle souhaitait sincèrement apprendre à connaître ce jeune homme dont elle pensait qu'il méritait d'être soutenu.

La requête de la jeune femme le sortit de ses pensées. Il leva le nez de la fleur. "Erik, enchanté!" Il tendit la main vers elle.

Elle lui serra la main et dit " Enchantée de même Erik ! " avec un large sourire, elle se sentit apaisée de pouvoir parler sans encombres à quelqu'un.

De ce fait, elle tenta de trouver un sujet et lui demanda " Euh... Vous vivez seul ? "

A son sourire il lui rendit la pareille. Son mal de tête diminuait toujours plus.
"L'aura bienfaisante du contact social, ha..." pensait-il ironiquement.

Elle lui demanda si il vivait seul. Surement cherchait elle à rendre l'échange un peu plus vivant, au vu de son hésitation. La question le surprit mais il était heureux de pouvoir discuter une peu avec quelqu'un.

"Eh bien... Non je vis avec quelqu'un d'autre..."

Elle fut intéressée par sa réponse, mais elle préféra ne pas enchaîner en demandant avec qui.

Elle remarqua l'horloge au dessus du comptoir qui indiquait minuit passé et comme Erik vivait avec quelqu'un, elle lui demanda " Mais alors qu'est ce que vous faîtes ici ? "

"Haha eh bien... Cette personne n'est pas encore rentrée et je n'ai pas mes clés ... Je dois attendre qu'elle ai fini sa réunion."

Étonnée par sa réponse, elle ne pensait pas qu'il existait des gens qui pouvaient bosser à la fois le jour et la nuit sans un temps de repos et surtout pour une réunion en pleine nuit.

Elle s'offusqua " Ces gens là font partie de la communauté des vampires ou quoi ? "

Il vit les yeux de la jeune femme s'écarquiller. Sa remarque le fit sourire. Un sourire qui avait du mal à cacher un certain embarras.

"En fait... C'est délicat. Je veux dire, ce qu'il fait n'est pas vraiment simple non plus..." dit il en continuant de sourire.

Elle fut heureuse de voir Erik sourire, elle avait par habitude affaire aux caissières, voituriers et habitants qui faisaient la gueule...  ça lui changeait d'ordinaire et elle en était plus que ravie, comme si elle venait d'apercevoir les premiers rayons de soleil après quelques jours couverts.

Elle était toujours aussi curieuse concernant l'étrange travail de cette personne. 

Elle lui demanda " Hmm... C'est à dire ? Quel genre de travail fait-il ? "

Erik se sentait gêné de devoir aborder cette question. Il répondit quand même avec franchise.

"Eh bien, il travaille ... pour moi ... Enfin je veux dire, il s'occupe de moi..."

" Oh, je vois..."  dit-elle , pensant qu'elle n'aurait pas dû insister.

Lexa n'osa plus lui demander quoi que ce soit, elle se disait que ce genre de situation était très probablement lié à un passé lourd ou quelque chose comme ça.

Et elle ne voulait pas encore une fois blesser quelqu'un.

Erik vit le visage désolé de Lexa.

"Mais rassurez vous hein ! Il n'y a pas de problème à vouloir s'intéresser un peu hein !" Il rit un bon coup afin de briser le malaise qui s'était installé.

Il sourit à la jeune femme avant de lui poser une question à son tour.

"Et vous donc, qu'est-ce que vous faites ici ?"